Journal d'un corps
de Daniel Pennac
Édition Gallimard, 2012
De l'âge de 12 ans à sa mort à 87 ans en 2010, le narrateur a tenu le journal de son corps afin d'en observer les innombrables surprises qui surviennent d'un bout à l'autre de la vie.
L'auteur a une écriture simple auquel nous nous laissons vite emporter. Sans description lourde, nous enchainons les découvertes et les ressentis du narrateur à propos de son corps. Nous suivons chaque période de sa vie de son "mûrissement" à son vieillissement. Nous sommes témoins prenant de chaque moment clef de son existence : de la découverte de sa sexualité à son agonie.
Avec un regard distant, le narrateur nous interpelle sur notre propre relation que nous avons avec notre corps. L'oubliant ou l'interprétant comme de pures données médicales, nous passons outre ce qu'il nous fait vivre et sur la façon dont nous ressentons chaque sensation.
Son analyse et ses interprétations de son corps, nous les vivons tous... mais n'y attachons pas d'importance et surtout nous n'en parlons pas. Le narrateur écrit clairement : "Je veux écrire le journal de mon corps parce que tout le monde parle d'autre chose." Avec beaucoup de détachement, il nous retranscrit ce que nous même nous taisons : par honte, par fierté, pas humilité...
Le narrateur soulage ses pensées du quotidien ce qui lui permets d'avancer et de passer à une autre étape de sa vie. Témoignant de ses échecs, de ses réussites mais surtout la façon à laquelle c'est manifester son corps face à cela.
Outre passant ses pathologies, ne nous submergeant pas de jargons médicales inutile, même dans La maladie, il nous explique humblement ses émotions face à ce corps impuissant face au cancer, qui nous échappe et qui s'autodétruit sans que l'on puisse intervenir.
Deux thèmes sont fréquemment abordés à chaque instant de sa vie : la mort et la sexualité de lui ou d'autrui. Nous suivons le cheminement du personnage face à eux : de la prise de conscience à la conscience tout simplement.
Lecture agréable, prenante, à sujet inhabituelle et intéressant. J'apprécie cette forme littéraire qui nous amène à nous questionner nous même.